« Notre réussite en Afrique fait des jaloux » – Jeune Afrique
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Dans une interview exclusive à JA, le directeur général Benoît de la Fouchardière vante les performances de Perenco, notamment en RDC, en Tunisie et au Gabon, et défend le dialogue instauré avec les gouvernements ainsi que le bilan environnemental du groupe franco-britannique.
Jusqu’à présent, le maître mot des dirigeants de Perenco semblait être « pour vivre heureux vivons cachés ». Le directeur général Benoît de la Fouchardière, qui pilote le pétrolier franco-britannique depuis 2015, reconnaît ne pas avoir pour habitude de dialoguer avec des journalistes.
« Nous ne sommes pas de grands communicants, mais nous avons un dialogue rapproché avec nos 6 000 employés et nos partenaires, en particulier avec les gouvernements », explique-t-il lors d’un entretien accordé au début de février 2021, obtenu après de nombreuses tentatives infructueuses.
Quatorzième fortune française
Même si la société répugne à assumer sa nationalité française, invoquant l’immatriculation à Londres de sa maison mère, le groupe a été fondé par le pionnier de l’optimisation des champs pétroliers matures, le Breton Hubert Perrodo – décédé en 2006 –, est présidé depuis 2007 par son fils François Perrodo, et piloté par des ingénieurs français, pour la plupart installés dans le 17e arrondissement de Paris, non loin du parc Monceau, où Benoît de la Fouchardière nous a reçus.
Nous tenons fermement à notre indépendance
La famille Perrodo détient toujours la totalité du capital de Perenco – ce qui la place actuellement au quatorzième rang des fortunes de France selon le magazine Challenges – et se fait extrêmement discrète depuis toujours.
« Nous avons un seul actionnaire, nous pilotons 95 % des champs pétroliers dont nous possédons des parts. Nous sommes avant tout un groupe d’ingénieurs, et tenons fermement à notre indépendance, qu’elle soit financière ou technique, qui nous permet une grande agilité stratégique », fait valoir Benoît de la Fouchardière, qui n’a pas les mêmes obligations de publication et de transparence des résultats que ses concurrents de même taille, pour la plupart cotés en bourse.
Exploration de champs marginaux
Cet ingénieur, formé à l’Institut français du pétrole (IFP School) – comme Hubert et François Perrodo – a été appelé pour remettre un profil opérationnel aux manettes du groupe, confronté à des perturbations au début des années 2010 – notamment pour des acquisitions jugées trop coûteuses –, et à la chute des cours du brut de 2014.
Peu après son arrivée, Benoît de la Fouchardière a mis en place une équipe pluridisciplinaire chargée d’évaluer les champs matures mis en vente par des majors. Celle-ci a su saisir avec perspicacité les opportunités, du Gabon au Mexique.
Le directeur général a aussi et surtout lancé le groupe sur de nouveaux créneaux, en particulier dans l’exploration de champs marginaux à proximité de implantations actuelles, et poussé l’entreprise à valoriser et transformer le gaz de ses gisements matures, pour les besoins locaux ou à l’export.
Impressionnante expansion
Résultat de cet activisme, l’expansion impressionnante de Perenco de ces cinq dernières années – aussi bien géographique qu’au niveau des volumes – ne peut laisser personne indifférent, tant les analystes et concurrents pétroliers que le grand public.
Le groupe franco-britannique est devenu le deuxième producteur de brut français – avec quelque 450 000 équivalents-barils extraits par jour actuellement – et a étendu son empreinte ces dernières années.
Après l’acquisition de l’essentiel des installations et permis de Total au Gabon 2017 puis 2020, il est devenu le premier producteur de brut à Libreville. Il est également depuis les années 1980 le premier – et toujours le seul – groupe pétrolier en exploitation en RDC, grâce à son implantation à Muanda, à l’embouchure du fleuve Congo, où il a repris – puis développé – à Fina et Chevron des champs onshore et offshore.
Nous n’avons pas de comptes à rendre à des organisations qui ont pour leitmotiv la disparition pure et simple de notre activité
S’il est aussi premier producteur d’hydrocarbures au Cameroun, et un acteur majeur au Congo, Perenco a aussi investi d’autres régions. Malgré un parcours très subsaharien – il a été patron pays de la RDC et du Cameroun, et directeur des opérations au Gabon –, Benoît de la Fouchardière insiste aussi sur les projets importants du groupe en Tunisie ainsi qu’en Amérique latine, particulièrement au Mexique. L’Afrique centrale ne représenterait, selon le directeur général, aujourd’hui plus qu’environ la moitié de ses actifs.
Une activité éreintée par les ONG
Avec cette envergure, tout en réduisant sa communication au strict minimum, il n’est guère étonnant qu’une série d’ONG – françaises et locales – s’intéressent à ce groupe resté très discret, en particulier Sherpa et Les Amis de la Terre, installés à Paris, ou encore Avocats sans frontières, basé à Bruxelles, toutes trois en lien avec des organisations de la société civiles locales, en RDC pour les deux premières, et en Tunisie pour la seconde.
Dans leurs différents rapports sur Perenco, ces ONG l’accusent de polluer l’environnement, de nuire aux communautés locales ou d’accointance avec les autorités aux dépens de l’intérêt général. Des accusations qui laissent de marbre les dirigeants de Perenco qui ont toujours refusé de dialoguer avec elles.
« Nous n’avons pas de comptes à rendre à des organisations dont les rapports sont à charge, certaines d’entre elles ayant essentiellement pour leitmotiv la disparition pure et simple de l’activité pétrolière », affirme le directeur général, mettant toutefois en avant la mise en place de « procédures de protection de l’environnement, d’hygiène et de sécurité extrêmement robustes, conformes non seulement aux réglementations locales, mais aussi aux standards internationaux. »
« À la pointe de la technologie en matière de protection environnementale »
Benoît de la Fouchardière estime d’ailleurs que Perenco est, contrairement à ce que prétendent ses détracteurs, à la pointe de la technologie en matière de protection environnementale.
Nous mettons tout en œuvre pour circonscrire et traiter la pollution
« Avec notre filiale Petrodec, nous sommes les seuls à avoir lancé une activité de démontage complet de puits de pétrole ayant cessé de produire, et de traitement ad hoc de l’environnement. Aujourd’hui Petrodec travaille sur deux rigs au Royaume-Uni, en mer du Nord, mais demain ses services pourraient être sollicités partout, notamment en Afrique, pour assurer une fermeture propre des sites extractifs », fait-il valoir.
« Malgré tout, des accidents peuvent encore survenir, cela est vrai pour Perenco comme pour la plupart des groupes pétroliers, reconnaît le directeur général. Dans ce cas, nous mettons tout en œuvre pour circonscrire et traiter la pollution ainsi que nous venons de le faire au Gabon, en collaboration étroite avec les autorités compétentes », explique-t-il, sans vouloir s’étendre davantage sur les dommages causés récemment dans ce pays par le groupe, qui fait l’objet d’une plainte en justice à ce propos Libreville déposée en janvier 2021 par le Réseau des organisations libres pour la bonne gouvernance (ROLBG).
Trop grande proximité avec les autorités ?
« Quant aux relations avec les communautés locales, nous avons une politique de responsabilité sociétale de l’entreprise (RSE) très spécifique. Contrairement à d’autres compagnies, nous ne l’avons pas déléguée à des prestataires extérieurs, mais internalisée car il s’agit de répondre aux véritables besoins des populations rencontrées sur place. À Muanda par exemple, nos équipes vivent parmi la population, y compris les ingénieurs expatriés. En concertation avec les acteurs locaux, nous avons lancé des chantiers autour de l’accès à l’électricité et à l’éducation, l’agroforesterie ainsi que la recherche de solutions pour mieux conserver le poisson pour pouvoir le vendre à Kinshasa », détaille le directeur général.
Nous avons su nous montrer à l’écoute de Libreville
Les critiques des concurrents de Perenco, pas toujours tendres vis-à-vis du groupe franco-britannique, notamment au Gabon, où elles ciblent sa proximité avec les autorités, Benoît de la Fouchardière les balaie d’un revers de main.
« La vérité, c’est que notre réussite fait des jaloux. Nous avons tissé de bonnes relations avec les autorités gabonaises car elles ont compris depuis longtemps l’intérêt de valoriser leurs champs matures grâce au savoir-faire technique de Perenco, reconnu localement. Nous avons su également nous montrer à l’écoute de leurs besoins, notamment en matière énergétique, pour leur proposer des infrastructures Gas-to-Power essentielles pour l’électrification du pays », conclut-il.
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