Histoire de l’indépendance racontée par Docteur Marcel Eloi Rahandi Chambrier

Dr. Chambrier à 87 ansEloi Rahandi Chambrier est mort le 27 novembre. Au petit matin. Dans la clinique qu’il avait fondée, avec le soutien du Président Léon Mba, comme il aimait à le confier.Son histoire est aussi celle d’une certaine élite africaine et gabonaise qui s’est formée dans la contestation et le panafricanisme avant les indépendances avant de se rallier aux gouvernements et Partis-Etats. En effet, ce brillant orateur fut un des leaders incontestés du monde associatif gabonais et africain qui a prôné au courant de la décennie 1950 la souveraineté des pays colonisés et qui a donc milité pour le non au referendum de 1958. De l’AGEG à la FEANF, son parcours a toujours été juge exceptionnel. D’ailleurs il a été le premier gabonais a être membre d’un bureau exécutif de la FEANF aux côtés notamment d’Osende Afana dont il a toujours évoque la mémoire avec larme et admiration. « C’était le meilleur d’entre nous », disait-il du leader camerounais mort dans le maquis en 1966.Après la FEANF, Chambrier rentre au Gabon et travaille à l’hôpital de Libreville. C’est en poste dans cet établissement qu’il accepte de rejoindre le gouvernement révolutionnaire de Jean-Hilaire Aubame. Le coup d’Etat est rapidement maté par la France impérialiste. Chambrier fait alors le chemin de Dom-Les-Bam. « Nous n’avions rien fait d’autre que réclamer ce qui revenait de droit aux gabonais », lançait-il. « Je ne regrette pas » ajoutait-il. De cette séquence de l’histoire politique du Gabon, il ne reste que Jean-Marc Ekoh comme témoin. Puis arrive le président Albert B. Bongo. Il décide de le suivre dans l’idée d’un parti unique. Il devient alors membre fondateur du parti et dirige la communication dans le premier bureau mis en place le 11 mars 1968 à Koulamoutou.Il accompagne ce régime pendant les décennies qui suivent. Jamais il ne lâchera son ami Omar Bongo. Entre temps, celui-ci le lui rend bien avec plusieurs postes de ministres puis le perchoir de l’Assemblée nationale en 1993 après la démission de Jules Aristide Bourdes Ogouliguende. Le parti unique, il le regrettera longtemps. « Nous avons fait Air Gabon, l’OPT, la Pédiatrie d’Owendo, Africa N1. Mais que nous a apporté le multipartisme? Rien. Si ce n’est le désordre. Tout ce que nous avons bâti a été détruit et aujourd’hui nous avons reculeé » lançait-il en 2009. Il soutiendra pourtant Ali Bongo en 2009. Puis prendra des distances. Le brillant orateur qui n’avait pas sa langue dans la poche a fini par montrer son exaspération face à la gestion de la chose publique sous la présidence de son ancien protégé. Son décès arrive quelques semaines après celui d’Okoumba d’Okwatsegue et quelques mois après Bonjean Ondo et d’autres encore. Autan dire que c’est une nouvelle page de l’histoire du Gabon qui vient de se consumer.

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