Coupe d’Afrique des nations 2021 / Les Panthères sous le feu des critiques : Bronca contre le pouvoir | Gabonreview.com

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Les commentaires sur l’équipe nationale de football expriment une légitime lassitude. Un jour ou l’autre, cela pourrait se payer cash.

On a largement épilogué sur l’absence de championnat national, évoqué l’influence du clan Aubameyang, disserté sur l’immixtion de la présidence de la République dans la gestion du football. Le pouvoir ne peut continuer à faire comme si ce tollé était uniquement dirigé contre les footballeurs. © Gabonreview

 

A quelques heures de l’ouverture de la Coupe d’Afrique des nations (Can), les Panthères sont au cœur de l’actualité. Entre bouderie à propos des primes, virées nocturnes de deux figures emblématiques, tests positifs à la Covid-19 et chamailleries au sujet de l’hôtel, tout semble aller à vau-l’eau. Du coup, les critiques fusent de partout. Les uns leur conseillent de jeter l’éponge et de rentrer tout de suite. D’autres leur prédisent une déculottée, c’est-à-dire trois défaites en autant de matches. Il y en a même pour demander une démission collective ou pour promettre de reconstruire sans eux. Ces commentaires peuvent paraître exagérés, surréalistes. Mais ils en disent long sur la relation du peuple à l’équipe nationale. Au-delà, ils traduisent un ras-le-bol, un rejet de la gouvernance politique actuelle, mélange d’arrogance, de dilettantisme et de cupidité à peine masquée. Pour tout dire, cette bronca est davantage dirigée contre le pouvoir. A un peu moins de deux ans de la présidentielle, elle devrait inciter à un examen de conscience. Autrement, cela pourrait se payer cash, un jour ou l’autre.

Désastre sportif

Le pouvoir ne peut continuer à faire comme si ce tollé était uniquement dirigé contre les footballeurs. Il ne peut s’entêter à ne pas entendre le message de fond. Depuis 2012, nombre d’observateurs dénoncent la gestion chaotique de l’équipe nationale, présentée comme «une affaire familiale ou un club d’associés.» Épiloguant sur l’absence de championnat national, évoquant l’influence du clan Aubameyang, dissertant sur l’immixtion de la présidence de la République dans la gestion du football, ils en arrivent à une conclusion sans appel : «Le poisson pourrit par la tête.» Mille fois entendues, ces récriminations expriment une légitime lassitude. Année après année, compétition après compétition, le Gabon va d’échec en échec. En club comme en sélection, il vole de déboire en déboire. Mais les dirigeants se montrent toujours aussi enjoués et sûrs de leur fait. Comme s’ils avaient des raisons de pavoiser.

Un projet aura symbolisé cette trêve de l’incrédulité : la professionnalisation du championnat national. Lancée en 2012, cette opération fut initiée puis portée par le président de la République. Mise en œuvre par une assistance technique espagnole, composée notamment de Jaume Ferrer et Deco, respectivement ancien vice-président et ancien meneur de jeu du FC Barcelone, elle mobilisa d’énormes moyens financiers. En pure perte. Ni l’équipe nationale ni les clubs n’en tirèrent bénéfice. Bien au contraire. Jamais le Gabon n’a été autant dépendant des binationaux et joueurs formés ou évoluant à l’étranger. Où l’on en vient à se demander où est passé l’argent. «Aucun club ne s’est professionnalisé (…) Cette situation est (…) un désastre sur le plan sportif car, (…) aucun club gabonais n’a fait mieux que l’AS Sogara en compétition africaine», reconnaissait, en décembre 2018, Alain-Claude Billié-By-Nzé, alors ministre des Sports. Moins de deux ans plus tard, son successeur annonçait vouloir relancer la professionnalisation à l’instigation du… président de la République.

Déco, mauvais génie ?

Du fait d’une trop forte politisation, la professionnalisation du championnat national a été un échec cuisant. La même cause a conduit à la baisse des résultats de l’équipe nationale, subitement devenue un instrument de propagande politicienne et d’enrichissement d’une sorte d’État profond. Malgré des résultats corrects, Gernot Rohr fut débarqué sans ménagement puis remplacé par Paolo Duarte. Comme le relèvent de nombreux observateurs, «jusqu’à Patrice Neveu, tous les entraîneurs étaient soit Portugais soit Espagnols. C’est dire s’il y avait une filière ibérique.» Sur ce point précis, les initiés indexent Déco. Conseiller officieux du président de la République, l’ancien milieu de terrain du FC Barcelone est décrit comme une personnalité envahissante, se permettant de recruter les sélectionneurs ou de dresser la liste des sélectionnés. Déco, mauvais génie du football gabonais ? Voire…

Pour l’heure, les Panthères ont une compétition à jouer. Pour la sérénité dans le vestiaire, le cabinet du président de la République doit se garder d’interférer dans le travail du staff technique. Pour une meilleure gestion des aspects logistiques, le gouvernement ferait mieux de ne pas empiéter sur le mandat de la Fégafoot. Quant à la population, elle n’a pas de choix : volens nolens, elle doit soutenir son équipe. Malgré la propension des uns à étaler leur puissance supposée ou à s’affranchir des règles, en dépit de la colère ressentie par les autres, la bonne équipe est celle où chacun joue son rôle. Et seulement son rôle. N’en déplaise aux flatteurs de tout poil, l’échec vient toujours du mélange des genres.



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